XXXI Journées du développement ATM 2015 : appel à communication
Le bilan des OMD 15 ans après :
réduction de la pauvreté et/ou montée des
inégalités ?
Les Objectifs du Millénaire
pour le développement (OMD), que l’on peut qualifier « d’objectifs de développement humain visant à
garantir l’atteinte, la promotion et la protection des droits humains de tous,
sans distinction de race, de sexe et de croyance », ont introduit une
rupture dans l’approche du développement. Les OMD s’inscrivent dans une double
approche. La première se rattache au paradigme de Sen, lequel appréhende la
question du développement comme un processus visant à élargir les opportunités
que peuvent saisir les individus afin de leur permettre d’atteindre des niveaux
de bien-être individuels et collectifs satisfaisants. La seconde perçoit le
développement dans une approche du développement durable, dans la lignée de
l’appel de la commission Brundtland, soit : « un développement qui répond aux besoins des générations actuelles, sans
pour autant compromettre celui des générations futures ». Ces deux approches ont été toutefois
conduites presque séparément. Les OMD de l’après-2015 veulent les concilier.
La déclaration du
Millénaire avait défini huit objectifs : éradiquer l’extrême pauvreté et la faim, assurer l’éducation primaire
pour tous et promouvoir l’équité du genre et l’autonomisation des femmes,
réduire la mortalité des enfants de moins de cinq ans, améliorer la santé
maternelle, combattre le VIH/SIDA, le paludisme et les autres maladies, assurer
un environnement durable, et mettre en place un partenariat mondial pour le
développement. L’année 2015 est l’année du bilan et c’est la raison pour
laquelle le colloque va chercher à déterminer les progrès réalisés, à préciser
les retards ou les difficultés à respecter certains des objectifs, à mesurer
dans quelles proportions et dans quels domaines les pauvretés ont reculé et si
(et comment) les inégalités se sont accrues.
S’agissant du bilan à
mi-parcours, le Secrétaire général des Nations unies, M. Ban Ki-Moon, a
souligné, dans le rapport 2013 des OMD, que l’atteinte des OMD « a été l’effort mondial le plus réussi pour
lutter contre la pauvreté »[1].
Pour le Secrétaire général, des progrès significatifs et substantiels ont été
accomplis, dont celui de réduire de moitié les individus vivant dans l’extrême
pauvreté et il affirme que : « la
proportion des personnes vivant dans l’extrême pauvreté a été réduite de moitié
au plan mondial. Plus de 2 milliards de personnes ont accédé à des sources
d’eau potable améliorée. Des progrès ont été réalisés dans la lutte contre le
paludisme et la tuberculose. Plusieurs cibles se trouvent selon le PNUD en voie
d’être atteintes d’ici 2015 ».
Malgré tout, certains de
ces progrès restent limités, tandis que d’autres problèmes majeurs subsistent.
La durabilité de l’environnement est menacée ; certains décès maternels
pourraient être évités ; l’accès à la thérapie antirétrovirale et à la
prévention du VIH restent à développer ; de nombreux enfants se voient
toujours refuser le droit à l’éducation primaire. Le taux d’employabilité reste
un indicateur non renseigné. Le taux d’achèvement du cycle du secondaire et
l’accès aux formations de type tertiaire restent difficilement mesurables. La qualité
de l’enseignement primaire s’est dégradée, avec souvent des inégalités d’accès
à une éducation de qualité en matière de genre. Malgré les fortes mobilisations
de ressources internationales, la bonne gouvernance régresse. Dans un contexte
où les fonds consacrés à l’aide au développement sont de plus en plus réduits,
les pays en développement (dont les plus pauvres en Afrique sub-saharienne)
sont confrontés à une montée des inégalités, quand bien même ils jouissent
d’une croissance soutenue depuis ces dix dernières années et d’un recul des
pauvretés. Ces inégalités sont, par ailleurs, multiformes.
Les pays qui ont connu
une croissance rapide ont vu également décroître la pauvreté. Avec un taux de
croissance stable à 7% l’an durant plusieurs années, l’Asie de l’Est a pu
maintenir son chômage aux alentours de 4%. La Chine, du fait des progrès
considérables qu’elle a réalisés depuis 1978, a contribué à la réduction de la
pauvreté au niveau mondial, à tel point que l’analyse de l’évolution de la
pauvreté dans le monde doit se faire en précisant si l’on inclut ou non la
Chine…
À l’approche de la date
fatidique de 2015, l’Assemblée des Nations Unies a adopté la résolution 66/228
du 27 juillet 2012[2],
sur « l’Avenir que nous voulons ». Cette résolution a confié à Ban
Ki-Moon le mandat de mener une concertation mondiale sur l’Agenda post-2015. Un
panel de personnes éminentes issues de tous les continents[3]
a proposé de nouveaux objectifs pour l’après 2015. Il s’agit des Objectifs du
développement durable (ODD) au nombre de 12. Les intenses consultations ont
élargi ces objectifs à 19 pour définir les modalités de faisabilité. En étroite
ligne des OMDD (Objectifs du Millénium pour un développement durable), le cap
demeure l’éradication de la pauvreté. Les questions du développement durable,
de la croissance économique, de l’énergie propre, de l’accès à l’eau, de
l’éducation, de la sécurité alimentaire, de l’autonomisation des filles et des
femmes, de la création d’emplois durables, d’une croissance qui réduit les inégalités
et de la création d’un environnement financier favorable au niveau mondial, en
sont les principaux piliers. La question de la réduction des inégalités devient
centrale, car elle figure au cœur des objectifs.
En phase avec l’agenda
international et les objectifs de l’Association Tiers Monde, les XXXIes journées
du développement organisées à l’Université de Rouen veulent contribuer à ce
grand débat et à l’agenda post-2015. Si la réflexion du compromis (Trade off) entre la réduction de la
pauvreté et la montée des inégalités est ancienne, de récentes recherches ont
remis cette question au goût du jour, comme celles de Thomas Piketty[4]
ou de Branco Milanovic[5].
La question des
inégalités dans le partage du revenu mondial n’a sans doute jamais été aussi
flagrante. La variance du revenu individuel dans le monde peut se décomposer en
deux : une composante caractérisant l’inégalité de la moyenne du revenu
individuel entre les pays et une composante mesurant la disparité interne des
revenus dans chaque pays. Ce que l’on sait aujourd’hui, c’est que ces deux
composantes ne vont pas forcément de pair et que, par exemple, la diminution
des écarts entre pays peut très bien s’accompagner d’une augmentation des
inégalités internes. Dans un scenario de forte croissance, et donc de forte
accumulation, les analyses à la Kaldor et Kaldor-Robinson retrouvent toute leur
pertinence. Le système financier peut y contribuer en facilitant l’accès à
l’épargne locale ou aux capitaux internationaux et en déterminant les
proportions dans lesquelles les diverses sources de financement sont utilisées.
Bien d’autres convergences ou oppositions entre ces deux composantes peuvent être
mises en lumière et leur existence constitue sans doute une des causes
sous-jacentes à la lenteur des progrès réalisés. C’est dire si le couple
réduction de la pauvreté/montée des inégalités recèle de nombreuses et
déroutantes ambiguïtés dès que l’on cherche à approfondir les diagnostics. Dans
la perspective post-OMD, ces questions prennent toute leur importance.
Ne doit-on pas
s’interroger sur l’ampleur de la réduction effective de la pauvreté, au-delà
des résultats mentionnés concernant les personnes les plus démunies pour
lesquelles elle a été bien documentée, mais sans que l’on sache toujours s’il
s’agit d’une amélioration des conditions de vie des plus mal lotis ou d’une
sortie de la pauvreté ? La première hypothèse semblant la plus probable, même
si il ne faut pas en sous-estimer la portée en termes de bien-être, il convient
alors de questionner les enjeux théoriques et éthiques de la lutte contre la
pauvreté et les inégalités.
Thèmes
Les propositions de communication,
relevant des divers champs disciplinaires (économie et gestion, sociologie,
démographie, géographie, droit et sciences politiques, sciences de
l’environnement…), préciseront, en deux pages maximum, la problématique,
la méthodologie appliquée et les principaux éléments de
bibliographie. Les communications pourront porter sur des aspects
théoriques, empiriques ou méthodologiques : elles s’inscriront dans une ou
plusieurs des sessions proposées.
A : Les dimensions éthique et théorique des OMD
A1-
le cadre de référence théorique des OMD
A2- les
approches critiques des OMD
B : Les Objectifs du développement durable
B1- les politiques d’accès à l’eau et aux énergies
propres
B2- le traitement des déchets ménagers
B3- ODD et santé
B4- les questions de la biodiversité
B5- soutenabilité de la production et de la
consommation
C : La microfinance dans les ODD
C1- microfinance, création d’emploi durable et ODD
C2- le financement des micro-activités durables et
l’efficacité de l’aide aux microprojets
C3- la micro-assurance et les risques agricoles
C4- le microcrédit et la lutte contre la
déforestation
D : Évolution de la (des) pauvreté(s)
D1- par région
D2- par type de pauvreté
D3- la pauvreté ressentie et la pauvreté mesurée
D4- la montée de nouvelles formes de pauvreté
E : Bilan des politiques et des instruments de lutte contre la
pauvreté
E1- la
place des anciens Documents de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté
(DSRP) et des Nouvelles Stratégies de Développement Durable (NSDD)
E2- l’efficacité
des subventions
E3- les politiques sociales de lutte contre la
pauvreté
E4- les controverses concernant les différentes
approches des études d’impact
E5- les outils financiers de lutte contre la
pauvreté
F : Évaluation et comparaison des inégalités
F1- les mesures des inégalités
F2- les inégalités à l’intérieur des pays et entre
pays (origines et mécanismes)
F3- les inégalités ont-elles tendance à se réduire
ou à s’accroître ?
F4- inégalités entre sexes et discriminations
faites aux femmes
G : Trade off entre pauvreté et montée des inégalités
G1- inégalité de revenus et croissance : quel
trade-off ?
G2- le financement de la croissance
G3- fiscalité et montée des inégalités
G4- inégalités et représentations sociales
H : Session Doctorants
Cette session permet aux doctorants, dont les travaux
de recherche sur le développement ne s’intègrent pas dans les sessions
précédentes, de présenter une communication.
Comité scientifique
Philippe Adair (Paris Est Créteil), Désiré Avom (Yaoundé
II, Cameroun), Jérôme Ballet (Bordeaux), Philippe Bance (Rouen), Bruno Boidin (Lille
1), Arnaud Bourgain (Luxembourg), Anne Briand (Rouen), Marie-Laure Cabon-Dhersin
(Rouen), Stéphane Callens (Artois), Maurice Catin (Toulon-Var), Gérard Duthil (Rouen),
Catherine Figuière (Grenoble), Jean-Jacques Friboulet (Fribourg, Suisse), Géraldine
Froger (Versailles Saint-Quentin), Hubert Gérardin (Lorraine), Bernard
Guesnier (Poitiers), Bernard Haudeville (Aix-Marseille 3), Philippe Hugon (Paris
X), Francis Kern (Strasbourg), Benoît Lallau (Lille 1), Michel Lelart (CNRS,
Orléans), Fabienne Leloup (Mons, Belgique), Claire Mainguy (Strasbourg),
Célestin Mayoukou (Rouen), Grégoire Mboya Deloubassou (BAD), Catherine Mercier-Suissa (IAE, Lyon), Thierry Montalieu (Orléans), Thierry
Pairault (CNRS, EHESS), Muriel Périsse (Artois), Jacques Poirot (Lorraine), Béatrice
Quenault (Rennes), Sidi Mohamed Rigar (Marrakech), Jean-Claude Vérez (Toulon-Var), Stéphanie Treillet (Paris Est Créteil).
Comité
d’organisation
Célestin Mayoukou (CREAM, Rouen), Arnaud Elie (CREAM, Rouen), Philippe Bance (CREAM, Rouen), Marie-Laure
Cabon-Dhersin (CREAM, Rouen), Gérard Duthil
(CREAM, Rouen), Malick Kana (CREAM, Rouen), Mourad Kertous (EDEHN, Le
Havre), Mohamed
Levrak (CREAM, Rouen),
Dominique Van Haecke (CREAM, Rouen), Grégoire Mboya Deloubassou (BAD), Jean Brot (ATM), Hubert Gérardin (BETA-ATM)
Calendrier
Date
limite d’envoi des propositions de communication : vendredi 21 novembre 2014
Date
de la décision du comité scientifique : vendredi 19 décembre 2014
Date
limite d’inscription et d’envoi des communications retenues : vendredi
10 avril 2015
Ce colloque est
francophone mais des communications pourront être présentées en anglais
Site Web :
XXXIèmes
Journées du développement ATM 2015
Le bilan des OMD 15 ans après :
réduction de la pauvreté et/ou montée des inégalités ?
UNIVERSITE de Rouen 3, 4, 5 et 6 juin 2015
PROPOSITION DE
COMMUNICATION
Nom : Prénom :
Institution de
rattachement : Discipline :
£ Doctorant(e) £ Assistant(e) /ATER £
Professeur
£ Maître Assistant(e)/
Maître de conférences £ Autre (Précisez) :
Adresse
professionnelle :
Tél :
Courriel :
£ Souhaite présenter une communication se rapportant à la session… et à l’atelier ou aux ateliers n°….………
TITRE :
Résumé ci-joint
(deux pages maximum, soit 1000 mots présentant la problématique, la
méthodologie appliquée et les principales références bibliographiques)
Mots-clés (cinq) :
Présentation de la
communication en français £ en
anglais £
FICHE À RETOURNER PAR COURRIEL AUX DEUX ADRESSES SUIVANTES
POUR LE vendredi
21 novembre 2014 AU PLUS TARD
Arnaud ELIE
CREAM-UNIVERSITE de Rouen
4 avenue Pasteur
76000 ROUEN
arnaud.elie@univ-rouen.fr
Tél. : 02 32 76 96 57 |
et |
Jean BROT
6
Les Saules
54230
CHAVIGNY
Courriel
: Jean-Brot@orange.fr
Tél. :
33 (0)3 83 47 14 04 |
[1] Objectifs du Millénaire
pour le développement, Rapport de 2013, p. 3.
[2] Nations Unies, Assemblée
générale : « Résolution adoptée par l’Assemblée le 27 juillet
2012 », 66/288, 11 septembre 2012.
[3] A New Global
Partnership: Eradicate Poverty and Transform Economies Through Sustainable
Development. The Report of High-Level Panel of Eminent Persons on the post-2015
Development Agenda.
[4] Le capital au XXIe siècle, Paris, Le Seuil, 2013.
[5] Plus ou Moins, Finances et développement, n° 3, vol. 4,
septembre 2011, pp. 6-9, repris dans Problèmes
économique, sous le titre : un monde moins pauvre, mais plus
inégalitaire, n° 3070, 2013, pp. 20-29.
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